Dark Paradise ~ Charlie G. Sanders [ -15 ]

La musique étourdissait ses sens. Mêlée à un certain taux d’alcool, bien qu’il le tenait plutôt bien, il semblait s’étourdir dans sa danses, ne percevant parfois plus le sol. Il avait bien remarqué l’intérêt de l’adolescent. Il sautait à pieds joints dans le jeu qu’il lui proposait, et s’il sentait son corps à proximité, ils ne se touchèrent pas. Pas encore. Il cessa de remuer comme une anguille lorsqu’il se pencha à son oreille, du moins sans s’arrêter complètement. À sa question, il ne put s’empêcher de sourire davantage. Si Charlie avait toujours été un garçon intelligent, les réactions des autres l’amusaient toujours. C’était principalement l’empressement qu’il percevait dans cette voix qui le faisait tant sourire. Danser, d’accord. Il conclue qu’il ne souhaitait pas trainer très longtemps dans les parages et se dit, probablement, suffisamment bien pour le gamin, pour que ce dernier insiste aussi subtilement que possible. Charlie avait tendance à sous-estimer les autres t doutait peut-être des capacités intellectuelles de l’autre. Tant mieux. Il avait toujours hait les rats de bibliothèque.

Charlie changea finalement les règles du jeu et fit le premier contact. Contact peu subtile, clair, évident. Surtout dû au fait des regards «prédateurs» qu’il percevait. Il détestait qu’on tente de lui voler ses «proies» lorsqu’il en tenait une… Une aussi facile qu’adorable, d’ailleurs. Il avança d’un pas (le seul possible), réduisant la distance qui le séparait de lui à zéro et glissa une main dans le dos de l’adolescent… Enfin, dans le bas sur dos, lui mettant littéralement la main aux fesses. Il pencha son visage à son cou, humant son odeur toujours aussi sucrée. Il ne l’obligeait en rien, de ce geste qu’il fit pourtant doux bien qu’insistant de manière à garder cette proximité presque.

-Seulement si ça t’intéresse, lui déclara-t-il à l’oreille.

Ce n’était pas non plus comme s’il ignorait ce qu’il se passait autant dans sa tête que dans son corps. Les adolescents avaient habituellement plus d’envie que les plus vieux. La testostérone dans le plafond, comme il dirait.

Il se recula d’un pas, détaillant rapidement à qui il avait à faire, maintenant que le feu était pris aux poudres. Vu le genre d’habillement, enfin, de look en général, les deux n’appartenaient certainement pas au même univers social. Il ne put s’empêcher d’avoir une pensée pour toutes ces années passées dans ce genre d’univers de riches, de puritains, de coincés, à se terrer loin des rumeurs, à garder la tête aussi haute que possible, à marcher et à se dandiner comme un pingouin en habit cravate. Il n’avait jamais été très à l’aise dans ce genre d’ambiance. Surtout depuis que ça mère avait mis les voiles. Il s’était toujours imaginé que c’était exactement pour cette raison qu’elle avait foutue le camp en les laissant… en le laissant, lui, derrière, à supporter les regards froids et sans intérêt que son paternel lui adressait une fois par semaine. Il ne put retenir une interrogation à ce propos concernant Shaun : était-il vraiment ce qu’il pensait qu’il était? Et si c’était le cas, peut-être n’y avait-il pas que lui pour se rebeller contre une famille…

-Je suis dans un motel pas trop loin, lâcha-t-il finalement, laissant tomber ses idées. Hors de question de se pourrir le moral maintenant. Il y arriverait bien le lendemain de veille. Ce n’était pas le meilleur endroit, il en convenait, mais peut-être était-ce ce que l’adolescent préfèrerait : ne pas ramener un pur inconnu. Charlie en avait l’habitude, et, de toute façon, ce n’était pas vraiment chez lui.

Le contacte fut agréable et il le serra volontiers contre lui en le sentant se blottir de cette manière. Charlie n’avait jamais été un grand romantique. Il était franc et directe et, pour tout dire, s’attendait toujours un peu à la même chose en retour. S’il voyait que ça ne fonctionnait pas rapidement, il avait tendance à ne pas insister et à aller voir ailleurs dès que l’occasion se présentait. Ça n’avait jamais été désagréable de tenir quelqu’un de cette manière. Il se sentait, lui, un peu moins tel le déchet de la société qu’on avait tant voulu lui faire croire. Il enfouit son nez dans les tissus recouvrant l’épaule droite de l’adolescent, en se disant qu’il n’aurait immédiatement pas dis à voir dessous. Pourtant, malgré tout ce qu’il faisait de bien ou mal dans cette vie de débauche, il ne pouvait s’empêcher de se demander si ce n’était pas absurdité. Il ne lui demanderait ni son âge, ni autre chose de son existence. Qui était-il pour lui si ce n’était qu’un coup d’un soir? Qu’une nuit qui se répète.

Il ne pu que darder ses yeux d’émeraudes sur le duo dansant. Si le type avait espéré finir sa soirée dans les bras de Shaun, c’était mal partie. Il ne pouvait s’empêcher de s’amuser lorsqu’il parvenait à provoquer certains sentiments, et particulièrement lorsqu’il s’agissait de frustration et de jalousie. Il lui lança un regard foudroyant de taquinerie, le défiant de tendre la main ou d’approcher. Ce fut avec un sourire que son attention se reporta sur le visage de Shaun alors qu’il lui refaisait complètement face. Il avoua être, bien malgré lui, un peu surpris par la ténacité de l’autre. Oser était un mot qui lui avait toujours plut, et il laissa Shaun franchir un nouveau seuil sans lui offrir de résistance. La chaleur des lèvres roses le ramenait dans la réalité : il ne pouvait que fixer son attention sur lui, à présent. Ce n’était pas désagréable. Il eut l’impression d’être testé comme on teste un sofa ou un lit pour s’assurer de la bonne qualité du produit. Était-il réellement en train de devenir un produit de la surconsommation humaine? Il en eut bien l’impression, à ce moment précis.

Il n’avait pas laissé ses pensées s’interposer dans ce qu’il se passait et accrocha son regard à ses lèvres lorsqu’il se détacha de lui, comme s’il en aurait attendu plus. Lorsqu’il sentit son corps se détacher, il lui emboita le pas sur la piste de danse qu’il quitta les lieux. Une fois dehors, il sentit l’air se rafraichir brusquement, le faisant momentanément frissonné. Il sentait ses oreilles bourdonnées dû au vacarme de l’intérieur. L’impression d’avoir un bouchon dans l’oreille l’agaçait décidément toujours autant. C’était sans doute le seul défaut qu’il trouvait à ce genre de soirée.

Il entraina Shaun en sa compagnie, n’hésitant pas à poursuivre ce contacte, craignant de le perdre entre temps, glissant parois des mains baladeuses dans son dos ou un baiser rapide. C’était juste une question de garder sa propre envie. Bien sûr qu’il le désirait. Il n’était pas suffisamment insensible pour attirer quelqu’un sans ce sentiment. S’il se sentait parfois comme un jouet, il ne s’était jamais considéré comme tel. Il ne couchait pas avec n’importe qui non plus, c’était à savoir. Shaun, toutefois, n’en avait peut-être pas la moindre idée. Il avait l’impression qu’il cherchait surtout à, peut-être, briser la glace de l’ennui. Charlie, au départ, n’avait pas forcément prévu de ramener quelqu’un avec lui ce soir-là. Ça arrivait comme ça, de temps à autre. Et ce soir? Ce soir, il avait vu un visage charmant, aux traits aussi délicats que francs. Il avait tendance à savoir quand un individu voulait quelque chose et lorsque ce n’était pas le cas. Ce n’était pas pour lui, au départ, qu’il s’était dirigé au comptoir. Mais il avait été ravi de se retrouver là, juste à côté.

Il poussa, sans même s’en rendre compte, Shaun contre la porte de la chambre. Une porte à la peinture rouge-brun qui s’écaillait, à la suite des épreuves du temps et du climat. Il l’embrassa rapidement, sans prévenir, avant de glisser la clé dans la serrure et de pousser le battant.

-Ne regarde pas le désordre…

Désordre était vite dit. C’était principalement les trois ordinateurs qui trainaient un peu partout qui gênait le plus, et le sac de poudre blanche dans un coin qu’il s’empressa, mine de rien, à glisser dans un tiroir.

Charlie s’était retourné pour faire face à Shaun, l’observant dans la mi-pénombre de la chambre, étirant le bras pour atteindre la lampe de table qu’il alluma pour éclairer un peu plus, pas trop, se trouvant désagréablement agressé par un trop plein de lumière. Juste assez pour observer les jeux d’ombres danser sur les murs lorsqu’une voiture passait au dehors. Il garda obstinément le silence lorsque Shaun s’empressa, lui, à se dévêtir sans trop se poser de questions. Et le sentiment de n’être qu’un objet de consommation lui revint à l’esprit. Parler n’avait plus aucune importance, pas plus que savoir qui il était. Ça n’intéressait, à ce moment précis, pas plus le gamin que l’informaticien. Lorsqu’il retira son haut pour dévoiler son physique encore jeune, mais bien, il bougea enfin, se débarrassant lui-même de chaussures et chaussettes et se rapprocha de nouveau de l’adolescent.

Il n’avait jamais hésité. Il s’était toujours rapidement plié au rythme qu’on lui imposait. Certains plus lents que d’autres mettaient parfois plus d’une heure avant d’arriver au point où ils en étaient ce soir. Il n’hésita pas à darder ses iris d’émeraude là où il le pouvait, observant, bouffant du regard la moindre parcelle de chaire qu’il lui donnait la permission d’explorer visuellement parlant. À la question, il leva une main qu’il passa doucement contre a joue de Shaun, lui décrochant un sourire fin, que certains considéreraient comme malsain, taquin ou pire encore : provocateur.

-Comme tu préfères, toi. Je m’adapte, déclara-t-il finalement.

Il avait remarqué deux ou trois choses, peut-être, depuis la danse. Shaun lui paraissait impatient. C’était 100% physique. Ce n’était qu’un désir d’être remarqué, même, peut-être, et puisqu’il lui avait donné cette chance, il eut l’impression que moins il en disait et plus il en faisait, mieux se serait vue et apprécié. Qu’un jeu parmi tant d’autre. Un jeu naturel, mais un jeu tout de même dans lequel il se laissait facilement prendre lorsqu’il se rendait compte que l’autre joueur n’était pas mauvais perdant. La main qu’il avait posé contre le visage de Shaun descendit en suivant la courbe du cou et de l’épaule alors que lui-même l’embrassait de nouveau, ne pouvant s’empêcher de constater l’état de chaleur dans lequel lui-même se trouvait. La chambre n’était, pourtant, pas particulièrement chauffée, ses ordinateurs dégageant déjà beaucoup de chaleur par eux-mêmes en pleine capacité. Sa main lâcha le bras pour frôler le torse quelques peu musclé, même si pas autant que les autres qu’il avait tendance à ramener chez lui ou ailleurs. Cette chambre, dans son cas, accueillait un duo pour la première fois depuis qu’il y avait pris place. Il la laissa finalement glisser jusqu’aux hanches sur garçon, se tenant, physiquement, aussi près que possible de lui.

Charlie n’était pas maladroit. Il avait toujours su s’y faire, mais songea que Shaun était probablement son plus jeune coup. Vrai. Il avait toujours préféré plus vieux que lui, sans aucune raison. Une attirance étrange qu’il n’expliquait pas vraiment. Mais la jeunesse de l’autre ne l’importunait pas, alors qu’il se surprenait lui-même à le constater. Sans vraiment le réalisé, sa main s’était glisser plus bas, comme s’il requérait lui-même un peu d’action. Si l’adolescent voulait aller rapidement, il irait rapidement, ce n’était pas comme s’il était barré sur ce côté.

-Beau jeans, lâcha-t-il soudainement avec ce brin d'humour particulier à lui. C'était stupide et il n'était pas certain que ce fut compris. Il s'attendait plus à quelque chose comme: il y a plus intéressant en dessous, sans oser le dire lui-même.

Il laissa faire. Après, Charlie ne connaissait absolument pas Shaun et eu l’impression qu’il valait peut-être mieux de la jouer à part dans cette situation. Il n’avait, pas plus que l’autre, pas trop envie de se faire assommer par un discours emmerdant par rapport à cette histoire de lit. Et puisque l’adolescent, de toute façon, n’avait envie que d’une chose, il n’osait tenter de nouveautés et préférait voir comment lui voulait la chose. Il l’aida bien sûr à retirer son propre haut et suivit le mouvement. Avant de pouvoir dire «ouf», ils étaient allongés sur le lit, lui ne pouvant s’empêcher d’écouter le son de la respiration de l’adolescent. Bestial. Il n’y avait rien dans ce qu’ils faisaient. Bestial était le bon terme. S’il s’était penché au dessus pour embrasser son torse, il fut rapidement contraint de se détacher et de se débarrasser de ce qu’il lui restait de vêtements, comme une seconde peau qui l’aurait brulé s’il ne l’avait pas enlevée.

Shaun avait décidé de tout prendre en main et il ne s’y opposait pas. Pareillement lorsque les rôles furent inverser et qu’il observa le corps légèrement moite du garçon prendre position au dessus de lui, s’offrant à lui plus que lui-même ne l’avait fait ou espéré. Il s’avoua que s’il appréciait les mouvements et le corps lui-même, que sans doute ne souhaiterait-il pas retenter l’expérience. C’était dans ses habitudes de changer et renouveler à chaque fois. Après un instant, il se redressa lui-même un peu, n’ayant pas nécessairement toujours apprécié se retrouver dessous. Peut-être parce qu’il gardait cette impression désagréable d’être dominé par autre que lui… par mauvaise expérience, aussi, il laissait faire, mais n’acceptait jamais complètement ce jeu. Il passa ses mains dans le dos de Shaun, de manière à ainsi le tenir et le fit de nouveau basculer sur le dos et lui offrir quelque chose d’autre. Charlie n’était pas sauvage, mais se montrait relativement intense en s’y mettant. Il avait l’impression de tenir l’adolescent prisonnier, le tenant toujours au niveau des hanches. S’il tenta de faire grimper le rythme cardiaque de son amant d’un soir, il dû éventuellement ralentir le rythme, par obligation de physique, lorsque le moment venu, tout être humain au paradis noir retombait inévitablement sur terre. Il demeura quelques secondes peut-être, très court instant, encore, dans la même position avant de se décider à bouger et à se dégager complètement, avant de se «libérer» lui-même de ladite protection pour reprendre son état naturel.

-Un dernier verre pour la route, peut-être? J’ai bien quelques…, commença-t-il avant d’être coupé, brusquement, par la sonnerie de cellulaire si caractéristique à un «client» en particulier. Oui, changer la sonnerie pour telle ou telle personne avait toujours été un avantage. Il se lança directement en bas du lit à la recherche de son pantalon. La sonnerie avait cessée lorsqu’il mit la main dessus. Il vérifia tout de même le message laissé en grimaçant.

En se relevant, il remit son jeans et se retourna vers Shaun, curieux de voir ce qu’il ferait maintenant. La plupart ne restait pas en sa compagnie. Il demeurait peut-être pour un coup dans ses ‘’affaires’’ personnelles, tirer un joint, parfois, mais sans plus, ou rarement.

-Tu veux un truc ou… Enfin, tu vois?

Il avait du mal à s’exprimer, peut-être, sur ce coup. Il ne voulait pas non plus qu’il se sente obliger de foutre le camp rapidement tant qu’il n’y avait pas d’urgence.

Il opina du chef, se dirigeant d’un pas étrange vers le mini réfrigérateur, en sortie il ne savait trop quelle bouteille exactement, se rendant compte que l’écriture dessus était presque disparue. Il en renifla l’odeur et constata qu’il ne s’agissait que d’un fort quelconque. Charlie avait tendance à boire de n’importe quoi, comme s’il n’avait absolument aucune préférence, comme si le seul mot «alcool» était pour lui suffisant pour aimer la boisson. Il déposa la bouteille sur un coin de table et revint vers Shaun en lui tendant le verre en question, sans trop se soucier du reste. Charlie était ainsi fait : une fois la besogne terminée, il ne donnait plus l’impression de s’intéresser à rien chez l’autre. Dans le cas présent, il ne pouvait s’empêcher de se demander quel âge exact est-ce l’adolescent avait. S’il était vraiment mineur, non seulement il était illégal en lui donnant à boire comme ça, mais en plus il avait… enfin. Refusant d’y penser, il lui lança un drôle de regard en l’écoutant parler, le questionner, et lui décrocha un sourire malin au commentaire. Un sexe-tape aurait pu être amusant, c’est vrai. Mais c’était tout sauf dans son style de faire. Il ne cherchait pas non plus à garder un souvenir de ce genre de choses. À cette idée, un petit rire franc s’échappa de lui alors qu’il allait s’asseoir plus loin.

-Les sexe-tapes sont pour ceux qui ne savent pas se servir de leur pauvre mémoire minable. Ou alors, n’est-ce que pour les éternels pervers.

Il but d’une traite son propre verre. Vrai, il avait toujours considéré ce genre de chose comme étant tout à fait ridicule. Pourquoi se nourrir d’un souvenir alors qu’il n’avait qu’à sortir pour le faire pour de vrai? Il détestait absorber les fabulations du monde. Vivre pour de vrai. Vivre vraiment. C’était bien la seule chose dont il se préoccupait. Il secoua un peu la tête. Percevant l’odeur du tabac, il ne pu résister à étirer le bras vers un tiroir pour s’en tirer un joint, sans mentionner le fait qu’il le fabriquait lui-même. Il jaugea un instant Shaun, curieux. À quoi pensait-il exactement? Il l’ignorait. Était-il suffisamment allumer pour comprendre tout ce qui se passait autour de lui? Étrangement, il en doutait.

-J’ai installé des caméras dans tooooutes les chambres pour espionner les clients du motel, lâcha-t-il sur ce ton d’humour particulier, qui, dans d’autres circonstances, laissait penser qu’il aurait pu être sérieux. Ou alors je prépare un coup monté contre le gouvernement. Je suis peut-être un leader d’Anonymous!

Il plaisantait, bien sûr, mais, faisant exprès, il tenta de raconter quelque chose aussi près de la réalité que possible, uniquement pour pouvoir observer sa réaction. Que croirait-il? Le mensonge le plus ridicule qui soit sur sa personne ou ce qui était plus près d’une vérité, soit ce qui semblait le plus absurde?

-Je suis informaticien, en fait, laissa-t-il finalement tomber avec un haussement d’épaules et sur un ton plus sérieux alors qu’il se resservait un verre. Et dit-moi, Shaun… Tu ne vis pas dans le même monde que moi, de ce que j’ai pu remarqué. Qui es-tu? Qu’est-ce que tu fais?

Il sourit, amusé qu’il pouvait bien l’être par la situation. Faire attention. Il n’avait aucune idée à quel point Charlie pouvait être étrange, alors. Étrange? Non… plutôt équiper, disons le ainsi, pour causer des problèmes. Il avait toujours aimé plaisanter. Mais les gens ne savaient pas toujours lorsqu’il était franc ou lorsqu’il lançait un blagues sans queue ni tête, puisque les deux pouvant parfois être l’inverse de l’autre : le faux étant le vrai et le vrai étant le faux. Il laissa faire, donc, et, détournant les yeux, ne dis aucun commentaire sur ce qu’il faisait, se contentant surtout d’observer entre deux questionnements. Il n’y avait pas de mal là dedans, après tout. Il ne faisait rien de bien méchant. Sa curiosité l’emportait seulement sur tout le reste, rien de plus naturel, n’est-ce pas?

Il nota donc dans sa petite tête écervelée que Shaun n’était pas forcément du coin. Il ignorait s’il était déjà venu par le passé, mais il n’était même pas originaire d’Australie. Lui-même ne l’était pas vraiment, bien qu’il ne resta que très peu de temps en Amérique, ayant plutôt grandit dans le monde moderne et fabuleux entre deux draps de soi dorée. Univers qu’il avait toujours hait. Univers que même sa mère biologique avait osée fuir avant de ne trop se retrouver prisonnière dans l’aspect de la femme devant demeurer au foyer pour soigner le pauvre homme minable qu’était son mari. Elle avait été plus forte que tout ceci. Elle avait choisit de vivre une vie différente, une vie de libertés. C’est ce que Shaun semblait tenter de faire : se séparer de son univers pour exister à sa manière, sans avoir les autres sur le dos à longueur de journée. C’est ce que lui-même, Charlie, avait choisit de faire et il le vivait très bien. Mais Shaun lui confirma sa jeunesse sans même s’en rendre compte, et ceci le fit sourire.

Il alluma finalement le joint qu’il regarda un moment brulé, pensif qu’il était, humant l’odeur plus forte que la cigarette qui s’en échappait. Un étudiant. Sa curiosité finirait bien par choquer les gens qu’il rencontrait. Qu’y pouvait-il? Il n’avait bien envie que d’une chose : fourrer son nez dans la vie des autres. Pas pour faire chier. Juste pour calmer cet intérêt qu’il portait toujours à la vie privée des gens qu’il croisait. Parce que ça l’intriguait, parce que ça l’intéressait de voir des gens qui vivaient ou avaient vécu la même vie que lui se débrouiller autrement pour s’exprimer. Lui avait choisit la délinquance. Tout comme le phénomène Virtuose à travers le net.

-Les études! Je déteeeste les études. Les gens espèrent tant! Ils croient que tu feras médecin, que c’est ta seule raison de vivre. Foutaises.

Il secoua la tête avant de prendre son premier coup et de soupirer. En tutoyant ainsi, il ne s’adressait pas réellement à Shaun, parlant du tu général de la population de leur… de son âge.

-J’aime encore mieux vivre par mes moyens que par leur p**** d’argent sale.

Vexé? Ho non. Il se laissait peut-être un peu emporté par l’idée qui venait de franchir ses lèvres, crachant sur un vécu, sur un passé qu’il reniait complètement.