Victoria Whelan

- Je ne veux plus jamais que tu mettes les pieds ici, est-ce bien clair Victoria?!

Avait-elle le choix de toute façon? Victoria tira d'un geste rageur sa valise qu'elle traîna sur le sol avant de passer le seuil de la porte et de se retrouver seule, devant le manoir Whelan. Elle ne put s'empêcher de sursauter en entendant la porte d'entrée violemment alors qu'elle pouvait encore entendre la voix de son père qui se disputait avec son petit frère. La raison de tout ça? Mr Whelan qui se préoccupait un peu trop de son bien-être et de la réputation de sa famille, et jamais assez du bien-être de sa propre fille. Victoria avait participé à quelques soirées organisées par le campus de l'université, chose qu'elle faisait depuis le collège en réalité. Appréciée par les élèves, toujours à la mode, vive d'esprit, et capitaine des pom-pom girls, elle était toujours l'une des premières personnes invitées à la moindre fête. Tout le monde voulait ses conseils, obtenir un simple regard. Si elle était méchante? Non. Bien sûr, parfois, quelques remarques lui échappaient envers quelques filles qu'elle ne pouvait pas supporter, mais elle n'était pas l'une de ces "Queen B." qui régnaient sur le lycée et en profitaient pour traiter tout le monde comme des chiens en les rabaissant à la moindre occasion. Victoria avait juste la chance d'appartenir à une famille riche, de pouvoir porter des vêtements de luxe et d'être belle, les seules choses que les personnes l'entourant semblaient voir chez elle. Oui, elle était acceptée, mais pas telle qu'elle était.

Pour en revenir au sujet, durant une soirée, Victoria avait été raccompagnée au petit appartement sur le campus qu'elle partageait avec une étudiante, par une jeune fille, étudiante en histoire, avec qui elle avait passé toute la soirée à discuter et à danser. Sur le pas de la porte, elle l'avait embrassée, et une chose en entraînant une autre, elles s'étaient retrouvées dans la chambre de la jeune femme, peu vêtues. La colocataire de Victoria était rentrée plus tôt que prévu, et en voyant ce que les deux jeunes femmes faisaient, elle avait poussé un cri avant de virer Victoria de l'appartement, en estimant qu'elle ne voulait jamais partager un espace avec elle et qu'elle ne voulait pas qu'elle lui saute dessus en pleine nuit. Le bruit s'était rapidement propagé dans le campus. Depuis son adolescence, Victoria avait été attirée aussi bien par les garçons que par les filles, et elle avait eu des expériences avec les deux genres, mais elle avait toujours été discrète, à cause de son père très strict. Et maintenant, toute cette discrétion ne servait plus à rien, à cause d'une seule inattention, à cause d'une soirée durant laquelle elle s'était sentie bien, acceptée telle qu'elle était par une personne.

Le plus difficile dans tout cela n'avait pas été les remarques dans les couloirs, le regard accusateur de certains étudiants, ou des personnes qui la regardaient fixement dans les couloirs. Non, cela avait été la réaction de son père. Ayant peur pour la réputation de la famille et ne voulant pas être jugé par ses collègues qui apprendraient qu'il avait une fille bisexuelle ou même lesbienne, il l'avait mise à la porte, malgré le fait que son fils essayait de le calmer et de lui faire comprendre que Victoria restait sa fille et non une erreur de la nature. Depuis ce jour, la jeune femme vivait chez sa tante, propriétaire d'un magasin de surf et possédant une maison sur la plage. Elle n'avait pas tenu à retourner sur le campus, elle se contentait de se rendre en cours et de sortir pour surfer et faire les magasins. Pour sûrement apaiser sa conscience, son père lui envoyait de l'argent chaque semaine, ayant probablement peur qu'elle manque de quoi que ce soit auprès de sa belle-soeur, la tante de Victoria.

Victoria s'était rapidement retrouvée seule et avait réalisé qu'elle n'était pas acceptée pour ce qu'elle était mais bien pour ce qu'elle semblait être. Cela avait été assez dur à encaisser mais au moins, elle se sentait plus forte. Que les gens pensent ce qu'ils voulaient d'elle, elle s'en fichait. Elle se sentait bien dans sa peau et rien ni personne n'allait changer cela. Ce changement dans sa vie ne pouvait être que bénéfique, après tout.