Feel your heart beating to your favourite song [ TERMINÉ ]

- N'oubliez pas d'apporter vos crayons de couleur pour la semaine prochaine !

Evelyn sourit à quelques enfants qui se tenaient devant elle, sautillant presque sur leurs chaises, impatients de pouvoir sortir de classe et profiter du week-end qui s'annonçait radieux. Lorsqu'elle leur permit de sortir, une foule d'enfants se précipita vers la porte en criant de joie. Ils adoraient leur institutrice, mais rien n'était meilleur que de rentrer chez soi pour prendre le goûter devant des dessins animés puis jouer aux jeux vidéos. La jeune femme rangea ses affaires avant de ramasser quelques bouts de papier oubliés par les enfants sur le sol. Elle les jeta dans la petite corbeille de la classe puis enfila sa veste en cuir avant de fermer soigneusement la salle et de sortir de l'établissement. Son travail la rendait extrêmement heureuse, elle adorait travailler avec les enfants et se sentir utile. Mais tout comme eux, elle appréciait plus que jamais la perspective d'un week-end reposant avant la reprise des cours. Evelyn passa sa main dans ses cheveux avant de jeter un coup d'oeil autour d'elle. Elle ne mit pas longtemps avant d'apercevoir son petit ami, reconnaissable entre mille parmi les personnes présentes devant l'école. Elle se faufila entre deux parents d'élèves puis arrivant près de Connor, assis, sur sa moto, elle ne put s'empêcher de sourire avant de lui sauter au cou. C'était toujours rassurant de le voir parmi ces longues heures de travail et de le serrer dans ses bras. Elle s'y sentait en sécurité, et aimée. Elle lui accorda un long baiser passionné puis monta derrière lui après avoir bien installé un casque sa tête. Evelyn passa ses bras autour de Connor et le serra aussi fort que possible avant qu'il ne démarre sa moto pour rouler à travers la ville.

Chaque vendredi soir, le couple suivait un petit rituel instauré depuis quelques années. Il venait la chercher après le travail puis il parcourait la ville avec elle sur sa moto en faisant de grands détours pour passer le plus de temps possible avec elle, avant d'arrêter devant leur bar préféré : Stars on Fire. Ils y buvaient quelques verres puis dansaient jusqu'à une heure avancée de la nuit avant de rentrer chez eux et de se retrouver de la meilleure façon possible. Evelyn chantonnait pensivement en tapotant ses doigts fins contre le torse de Connor. Sa semaine avait été assez tranquille, et elle avait hâte de pouvoir raconter à son homme sa journée, après avoir entendu la sienne. Elle aimait tellement l'écouter parler de son travail, des animaux, et voir cette étincelle qui ne quittait jamais ses yeux. Elle tourna alors sa tête vers le bar devant lequel ils venaient d'arriver avant de descendre de la moto et de retirer son casque. Evelyn glissa ensuite sa main dans celle de Connor et marcha jusqu'au bar, dans lequel elle entra. L'ambiance était déjà endiablée : plusieurs personnes dansaient sur la piste de danse alors que d'autres buvaient en rigolant et en parlant avec animation. Elle salua plusieurs habitués qu'elle connaissait et retira sa veste avant de tourner sa tête vers Connor en esquissant un sourire malicieux, tout en jouant avec ses doigts.

- Tu préfères prendre des forces ou bien me faire danser pour donner le rythme de la soirée, Mr Wendell?

Tout en parlant, elle ne pouvait pas s'empêcher de bouger légèrement ses hanches au rythme de la musique, la danse resterait toujours l'une de ses passions, et heureusement que Connor la partageait avec elle.

L'horloge. Connor ne cessait de la fixer entre deux rondes pour surveiller les animaux dans leurs cages. Le temps semblait s'écouler si lentement ce jour là. Connor se surprenait même à parler à un bébé kangourou en plein rétablissement après avoir eu une patte cassée. Une fois que son remplaçant fut arriver, vers quatre heure de l'après-midi, Connor bondit presque dehors et se dirigea vers sa moto. Le trajet, il le connaissait par coeur. Depuis le temps qu'il faisait cette route pour retrouver Evelyn, il avait appris à déjouer les minis embouteillages dus à la sortie des écoles de fin d'après-midi. Connor était arrivé à l'avance, comme d'habitude. Il gardait ses lunettes de soleil et abordait une posture nonchalante, confortablement assis sur sa moto, les pieds au sol. Lorsqu'il aperçu Evelyn, Connor ne put s'empêcher d'afficher un large sourire. Elle arriva rapidement vers lui et plongea dans ses bras. Connor déposa un baiser dans son cou tout en la serrant fort contre lui. Puis, il se détacha d'elle pour l'observer de bas en haut. « Ça te va toujours aussi bien ce rôle d'instit. » Un nouveau sourire et il lui tendit un casque, prêt à démarrer sa bécane.

Une fois arrivé sur le lieu de rendez-vous habituel, après avoir fait de nombreux détours, Connor descendit de la moto en retirant son casque. Puis, comme à son habitude, il tendit sa main pour aider Evelyn à descendre. En entrant dans le bar, les deux amoureux firent quelques salutations aux personnes qu'ils connaissaient. Connor salua le barman d'une poignée de main, suivant Evelyn qui retirait sa veste. La musique jouée était entrainante et Connor ne put s'empêcher de hocher la tête au rythme des notes de guitares. Evelyn se tourna, l'observant avec un sourire malicieux. Qu'est-ce qu'il pouvait aimer ce sourire ! « Tu préfères prendre des forces ou bien me faire danser pour donner le rythme de la soirée, Mr Wendell? » Sans plus attendre, Connor pris la main d'Evelyn pour l'attirer sur la piste de danse. « Steve, je crois qu'on va prendre le menu du jour ! » lança-t-il au serveur avant de reporter son attention sur sa petite amie. « On a tout le temps de danser pendant que nos plats se préparent en cuisine. Tu as passé une bonne journée ? » La musique était plutôt calme mais entrainante. Connor tenait une main d'Evelyn, alors que son autre main était posée sur la taille de la belle Australienne. Il adorait danser avec elle, tout en discutant de tout et de rien. Il aimait cette proximité entre eux et le fait de ne jamais être lassé d'être contre Evelyn. Il l'aimait, tout simplement.

« Steve, je crois qu'on va prendre le menu du jour ! »

La jeune femme afficha un sourire éclatant en entendant son petit ami s'adresser au serveur alors qu'elle s'amusait à tournoyer en se rendant sur la piste de danse. C'était déjà un parfait vendredi soir, passé en compagnie d'un homme charmant qui aimait danser autant qu'elle, et surtout qui l'aimait tout simplement. Evelyn chantonna pensivement les paroles de la chanson avant de braquer ses yeux clairs sur Connor qui avait reporté toute son attention sur elle. Elle lui caressa la nuque d'une main alors que son autre main serrait étroitement celle de son petit ami en dansant.

« On a tout le temps de danser pendant que nos plats se préparent en cuisine. Tu as passé une bonne journée ? »

Evelyn se mordilla la lèvre inférieure pendant qu'il parlait. Elle pourrait l'écouter parler durant des heures, même s'il lisait l'annuaire ou le mode d'emploi du montage d'un meuble. Elle lui effleura les lèvres en réfléchissant à ce qu'elle allait dire. Son travail d'institutrice lui permettait d'être extrêmement proche des enfants. Ils faisaient du coloriage, elle leur apprenait les bases de la langue, ils faisaient quelques débats. Elle les emmenait souvent au zoo pour les intéresser à la nature, aux animaux, elle voulait qu'ils développent une certaine douceur vis-à-vis d'autrui. Peut-être qu'elle se servait également d'un instinct maternel qui ne cessait de l'accompagner au fil de ses journées. Oui, elle se voyait bien être mère et fonder une famille, et elle savait que Connor serait un père formidable. Mais elle ne voulait rien brusquer. Si elle tombait enceinte, alors cela se ferait naturellement. Ils appréhenderaient les choses jour après jour, et ils formeraient la petite famille la plus heureuse au monde. Secouant légèrement sa tête pour revenir au sujet et reporter son attention sur son petit ami, elle esquissa un léger sourire en coin avant d'exécuter quelques pas de danse.

- J'ai passé une très bonne journée. Aujourd'hui, les enfants m'ont parlé de leurs rêves, ceux qu'ils faisaient la nuit bien entendu mais également ceux qui leur tenaient à coeur, pour l'avenir. Un petit garçon voudrait être astronaute pour décrocher la lune pour sa mère car elle est la femme la plus merveilleuse du monde, à ses yeux. Et une petite fille voudrait être vétérinaire pour guérir tous les animaux du monde, je te promets de te la présenter à la prochaine visite de la classe au zoo. Et la semaine prochaine, nous allons travailler sur un moyen de représenter leurs rêves. J'ai juste envie de leur donner de l'espoir, tu vois? Les voir sourire et les entendre rire est tout ce qui m'importe.

Evelyn tournoya à nouveau sous le regard de quelques hommes présents dans le bar avant de froncer les sourcils en entendant son portable vibrer. Elle le sortit de sa poche et remarqua que sa mère essayait de la joindre. Elle roula ses yeux et rangea l'appareil avant de plonger son regard dans celui de Connor.

- Parle-moi de ta journée à présent. Comment va ce pauvre petit kangourou qui avait la patte cassée?

En écoutant Evelyn parler, Connor se rendait compte à quel point elle pourrait être une mère parfaite, une femme parfaite. C'était un peu cliché, tout droit sorti d'une comédie romantique à l'eau de rose, mais Connor tenait réellement à Evelyn. Il avait trouvé la perle rare, la personne en qui il avait le plus confiance, avec qui il voyait se passer son avenir. Il n'échangerait sa place pour rien au monde. Après tout le chemin qu'il avait parcouru, Connor pouvait être fier d'avoir sa petite amie encore à ses cotés. Il en avait vu, des couples se séparer, mais il connaissait aussi beaucoup de couples unis et heureux qu'il admirait. Evelyn racontait sa journée et ses projets, quelque chose qui lui tenait visiblement très à cœur. Connor ne put s'empêcher de sourire. Evelyn, était-elle réelle ? « Ils ont l'air vraiment adorable tes petits protégés et je serais ravis d’accueillir la future vétérinaire. » Connor vola un baiser à Evelyn avant de reprendre. « Tu es une institutrice vraiment formidable. J'aurai aimé avoir quelqu'un comme toi au primaire, ça aurait été cool. »

La danse continuait mais le téléphone portable d'Evelyn se mit à vibrer. Connor observa sa petite amie qui n'avait visiblement pas envie de décrocher. Inquiet et intrigué, Connor se demandait bien qui pouvait essayer de joindre Evelyn à cette heure ci. Connor n'était pas le genre de petit ami possessif au point de renfermer sa petite amie et la garder que pour lui, mais il était méfiant à propos des garçons qui entouraient Evelyn. Tant d'hommes la regardaient, même ce soir, dans le bar, plusieurs regards étaient braqués sur elle. Evelyn ne donna aucune information sur son appel et posa quelques questions à Connor, qui fit comme si de rien était. « Le petit kangourou se remet doucement et on a pas eu trop d'appels d'urgences, c'est une bonne chose. J'aime pas recevoir des appels lorsqu'il s'agit d'animaux morts ou blessés. » Connor fit une petite moue, puis, il se rapprocha d'Evelyn en la tenant par la taille lorsqu'un slow retentit. « Tu n'avais pas l'air heureuse de recevoir ce coup de fil. J'ai raison ? » Après sa question, Connor déposa quelques doux baisers dans le cou d'Evelyn, se fichant bien des regards autour d'eux.

Evelyn parut extrêmement touchée par les compliments de son petit ami. Elle voulait être l'institutrice dont les enfants rêvaient et avaient besoin. Elle voulait être cette personne qui les comprendrait et les aiderait. Elle voulait se sentir utile, respectée, et appréciée. Avec tous ces enfants qui lui souriaient, la remerciaient et lui offraient des cadeaux, son rêve s'était complètement réalisé et elle aimait tant donner en retour à ces êtres merveilleux qui la rendaient fière et heureuse un peu plus chaque jour. En imaginant Connor avec la petite fille qui désirait devenir vétérinaire, elle pencha un peu la tête, attendrie, et lui caressa la joue du bout des doigts. Il serait définitivement le père rêvé pour leurs futurs enfants, et son désir de fonder une famille ne cessait de grandir au fur et à mesure qu'elle le dévisageait avec tendresse. Ou peut-être que la musique assez douce la mettait d'humeur romantique.

- Tu aurais été mon préféré avec ta petite bouille adorable, même si je ne devrais pas avoir de préféré. Je ne peux jamais te résister, j'aurais fait "awwww !" à chaque fois que tu aurais parlé, souri ou rigolé. Tu aurais ruiné toutes mes années de travail..., plaisanta la jeune femme avant d'éclater de rire.

Elle le serra un peu plus contre elle en l'entendant parler des animaux dont il s'occupait. Evelyn avait l'habitude de le consoler et de le serrer longuement dans ses bras après une dure journée où il avait reçu plusieurs coups de fil concernant des animaux blessés, ou pire, morts. Cela l'affectait énormément et il était tellement dévoué à son travail, les animaux étaient définitivement chanceux, ils n'avaient rien à craindre avec la protection et le dévouement de Connor. Evelyn ne put s'empêcher de sourire en l'imaginant porter le bébé kangourou tout en lui chuchotant qu'il n'avait rien à craindre et qu'il s'occuperait bien de lui. Au moins, ils s'entraînaient tous les deux à leur manière à leur rôle de futurs parents. Pourquoi la pensée de fonder une famille commençait-elle à l'obséder à ce point?

- Ils sont chanceux de t'avoir à leurs côtés... tu es attentionné et doux avec eux, tu les rends moins craintifs... et tu leur sauves la vie. Tu leur donnes également de l'espoir... et j'espère que tu sais à quel point je t'admire, Connor, pour ce que tu fais au quotidien.

Alors qu'elle souriait, la question de son petit ami la prit un peu au dépourvu. Ah oui, le coup de téléphone qu'elle venait de recevoir. Elle n'aimait pas tellement évoquer sa famille depuis qu'elle leur avait présenté Connor et que cela avait été loin d'être la soirée parfaite aussi bien pour lui que pour elle. Mais elle ne pouvait rien lui cacher, elle avait décidé d'être toujours honnête avec lui. Et puis, il saurait peut-être la conseiller sur ce qu'elle devait faire.

- Si tu avais une mère comme la mienne, crois-moi, tu ne serais jamais heureux de recevoir ses coups de fil, soupira-t-elle en jetant un coup d'oeil circulaire au bar. Elle tient absolument à ce que je rende visite à la famille au Merryfield Resort durant mon temps libre. Elle n'a pas encore réalisé que je préférais largement passer tout mon temps libre avec toi, et que je tiens à les voir le moins possible... mais si je n'y vais pas au moins un week-end, ils vont en faire toute une histoire. Et puis, qu'est-ce que le Merryfield Resort a de si extraordinaire, hein?!

Connor eut un petit sourire amusé en s'imaginant enfant, dans la classe d'Evelyn. Mais cette pensée était surtout bizarre. Il fronça son nez et ses sourcils, grimaçant à cette idée qui ne voulait plus partir de son esprit. « Finalement je pense pas que ça aurait pu être une bonne idée. Toi adulte, moi enfant.. il aurait fallu que j'attende des années avant de pouvoir te faire la cour ! » Et oui, Connor aurait bien aimé une institutrice comme elle mais pas elle-même en personne. « Mais c'est vrai que j'étais super mignon petit garçon. J'avais beaucoup d'amoureuses dans ma classe et dans la cour de récréation. » Connor ne s'en cachait pas et ses histoires ne risquaient pas d'attiser la jalousie d'Evelyn. De l'eau avait coulé sous les ponts depuis cette douce époque.

La passion de Connor, elle, concernait les animaux .Il avait la chance de travailler dans une réserve, qui lui appartenait, ainsi que dans un zoo. Il n'aurait pas pu rêver mieux et se fichait bien que son travail consiste aussi à ramasser les crottes d'éléphants. Evelyn admirait son travail et son implication, ce qui rendait Connor encore plus fier de lui qu'il ne l'était. S'il y avait bien une chose qu'il n'avait pas honte d'avouer, c'était ça, sa fierté par rapport à son travail. « Et je t'admire aussi tu sais. C'est bien non ? On s'admire l'un l'autre... je trouve que c'est très important. » Connor donna un doux et long baiser à Evelyn, tout en lui caressant la joue.

L'appel téléphonique, c'était sa belle mère. Connor écouta attentivement Evelyn, rassuré dans un sens, que ne soit pas un gars. Oui, Connor aurait pu être jaloux. Il craignait tellement de perdre Evelyn, peut-être parce qu'il avait perdu son père. Les psychologues disaient souvent que la crainte de perdre quelqu'un était due à une expérience antérieure. La mère d'Evelyn était au Merryfield Resort et voulait que sa fille lui rende visite. Connor enlaça sa compagne, en essayant de l'apaiser un peu rien qu'en la regardant et en lui souriant. « Si elle insiste, essaye d'y aller. Si tu veux, je peux aussi t'accompagner, ça ne me dérange absolument pas. Puis, on pourra trouver un coin sympa et voir ce que le Merryfield a de si extraordinaire. Qui sait... » Connor eut un sourire taquin et malicieux. S'il pouvait rendre leur visite intéressante, c'était bien de cette manière.

L'institutrice écarquilla les yeux en écoutant son petit ami avant de sourire et finalement d'éclater de rire. Il savait toujours trouver les mots justes pour l'amuser, et lui remonter le moral. Evelyn déposa quelques baisers dans le cou de Connor avant de lui mordiller légèrement la peau en lui caressant le dos sous son tee-shirt. Elle n'avait pas honte d'exprimer son amour pour lui en public à travers des gestes à la fois tendres et sensuels, et elle se fichait royalement des regards braqués sur eux. Ils devaient probablement être frustrés et jaloux. La jeune femme descendit un peu sa main pour la poser sur le remarquable fessier de Connor tout en affichant un sourire malicieux à son tour.

- Tu te souviens que mes parents ne te portent pas dans leur coeur, n'est-ce pas? Je ne veux pas les revoir, pas après la façon dont ils t'ont traité durant ce repas. Je suis fière de toi et je t'aime. Si nous devons aller au Merryfield, nous allons nous y rendre pour nous amuser, et faire des folies à notre façon. Je me fiche bien de les voir, je leur dirai simplement bonjour.

Mais au fur et à mesure qu'elle parlait, Evelyn réalisait qu'elle ne s'inquiétait pas uniquement par rapport à ses parents. Se rendre au Merryfield leur coûterait une fortune et elle préférait économiser pour un petit voyage bien différent en amoureux, pour s'acheter une maison avant de fonder une famille, pour se faire plaisir. Elle voulait sérieusement penser à son avenir avec Connor, et elle ne voulait certainement pas entendre ses parents lui rabâcher qu'elle aurait pu trouver bien mieux et qu'ils voulaient lui prêter de l'argent. Oui, elle avait sa fierté, mais elle était encore plus fière de Connor et de leur couple. Elle soupira légèrement en baissant les yeux puis finalement, une fois la chanson finie, elle se dirigea vers une table où leurs repas avaient été déposés avant de s'y installer et de tapoter ses doigts contre le bois du meuble. Evelyn joua pensivement en appuyant à plusieurs reprises sa fourchette contre ses frites, avant de tourner sa tête vers son petit ami.

- Connor, je... si je ne veux pas aller au Merryfield, c'est aussi pour nos finances. Je ne veux pas qu'on dépense pour un simple voyage de ce genre. Je suis persuadée qu'on pourrait facilement trouver de quoi nous distraire là-bas mais je ne veux pas que nos parents nous gâchent tout ça. Je...

Evelyn posa alors ses couverts et se tordit les doigts alors qu'elle réalisait que ses mains étaient moites. Existait-il une façon idéale de parler de ces choses-là? Elle n'était pas très douée pour s'exprimer aussi bien sur ses désirs que sur ses sentiments mais pour Connor, pour l'homme de sa vie, elle allait faire un effort et être honnête, comme elle l'avait toujours été.

- En ce moment, je songe de plus en plus à notre avenir, Connor... à chaque fois que je regarde ces bouts de chou dans ma classe, je me dis que dans quelques années, le nôtre pourrait être assis à leur place, rigolant et souriant. J'aimerais qu'on envisage de passer à la vitesse supérieure mais quand je le fais de mon côté, j'ai peur de ne pas être à la hauteur, peur de ne pas être mieux que mes parents. Je me sens prête, c'est juste que... je ne veux pas te perdre si jamais tu ne l'es pas. Et je devrais probablement me taire car je perds tout mon sens lorsque je meurs de faim.

Elle planta énergétiquement sa fourchette dans sa nourriture et s'empiffra en observant les clients du bar, tout en tapant le sol avec son pied, au rythme de la musique diffusée. Se sentait-elle soulagée? Un peu, oui. Mais elle jetait quelques coups d'oeil à Connor, se demandant si elle n'aurait pas dû attendre alors qu'ils songeaient tout juste à prendre du bon temps au Merryfield, sans se soucier de ses parents. Au moins, cela ne l'empêchait pas d'imaginer quel genre de bon temps tout en mangeant.

En sentant la main d'Evelyn descendre vers son postérieur, Connor élargit son sourire. Il aimait bien que sa petite amie prenne se genre d'initiative, même si le bar entier pouvait les regarder. Ils étaient libres, ils s'aimaient et le lieu n'était pas réputé pour attirer les gens chastes. La discussion qui suivit n'accompagnait pas ce geste sensuel et Connor perdit son sourire. Il se souvenait bien de ses beaux parents et de ce fameux repas qui ne s'était pas bien déroulé. Connor ne l'avait toujours pas digéré mais pour Evelyn, il serait prêt à marcher sur de la lave. Alors, revoir ses beaux parents n'était certes pas la meilleure des options, mais il y avait pire. « Tu sais, je me fiche bien de ce qu'ils pensent, mais je ne t'empêcherais pas d'aller voir ta mère, s'il n'y a que ça pour qu'elle cesse de t'appeler à n'importe quelle heure. »

Le dîner fut servit à la table habituelle que prenait Connor lorsqu'il venait ici. Les assiettes étaient bien remplies, de frites et de poissons - pour Connor - avec un supplément de fromages. Connor prit place, but une gorgée de bière, puis commença à s'attaquer à son assiette. Il remarqua que Evelyn ne touchait pas à ses frites, elle semblait préoccupée. Mais avant que Connor n'ait pu dire quoi que ce soit, Evelyn se confia au sujet du Merryfield et de leurs économies. L’australien posa brièvement sa main sur l'avant bras de sa petite amie afin de la rassurer. Il ne voulait pas qu'elle se fasse du mauvais sang pour l'argent. Mais Evelyn semblait nerveuse. Ses mains étaient moites et elle tortillait ses doigts. La discussion dériva sur l'avenir, sur leur couple. Evelyn avait envie d'un enfant mais craignait que Connor ne soit pas prêt à assumer la responsabilité de père. Il reposa une nouvelle fois sa main sur le bras d'Evelyn lorsqu'elle entreprit de déchiqueter son repas. « Evelyn... on peut parler de tout ça à l'appartement, au calme. Profite de la soirée, mange tranquillement sinon tu vas finir par t'étrangler. » La main de Connor se posa ensuite sur la nuque d'Evelyn. Il voulait qu'elle se détende. « Et tu ne me perdras pas... d'accord !? Je t'aime et je suis heureux. Mais je préfère ne pas parler de ça ici... ils nous observent tous comme si nous allions nous donner en spectacle. ».

Connor avait envie de devenir père, plus que tout au monde. Il se sentait prêt, il ne l'avait jamais autant été. Mais la discussion, il voulait l'avoir dans un lieu plus calme, où il pourrait rassurer Evelyn en étant bien plus tactile avec elle que dans ce bar. Il voulait la prendre dans ses bras, mais il ne pouvait quand même pas se permettre d'être trop démonstratif en public. Il ne faisait cette exception que pour la danse. « Et si tes parents veulent te voir, ils n'ont qu'à passer, eux, chez nous, si tu ne veux pas aller les voir. Mais tu ne peux pas te rendre au Merryfield pour une journée ? Ce n'est pas si loin tu sais...Et puis, nous avons besoin de vacances. Les vacances d'hiver sont idéales non ? Partons quelque part ! ».

Evelyn leva lentement les yeux vers Connor, la tête appuyée contre sa main, l'observant avec un infime sourire. Elle se demandait tous les jours ce qu'elle avait fait pour mériter un homme aussi merveilleux et attentionné à ses côtés. Il savait toujours quoi dire pour la rassurer, la raisonner, et à présent, elle se sentait bien stupide d'être aussi inquiète au sujet de sa famille. Même si elle prétendait que tout cela la rendait indifférente, ils trouvaient toujours un moyen d'essayer de lui gâcher sa soirée, en la transformant en une jeune femme se posant plein de questions au point de ne plus profiter d'une simple soirée de détente. Fichus parents. Entre sa mère qui criait "mon petit bébé !" dès qu'elle la voyait et son père qui la critiquait sur tous les points qu'il pouvait trouver, elle avait réellement la famille idéale. Mais sa famille idéale, sa véritable famille, c'était Connor et rien ne pourrait changer cela. Rien ne pourrait changer ce qu'elle ressentait pour lui, le bien-être qu'elle ressentait près de lui, sa fierté pour lui.

- Tu as raison... j'ai tendance à réfléchir un peu trop au sujet de mes parents. Je deviendrais presque comme eux..., à ses paroles Evelyn grimaça en secouant légèrement sa tête comme pour faire sortir cette horrible pensée de sa tête. Et je sais que ce n'est pas l'endroit idéal pour parler de tout ça, on reprendra cette discussion à l'appartement. Je ne veux pas gâcher notre vendredi soir si sacré... mais merci... de me rassurer, Connor...

Evelyn se remit à manger, un peu plus enjouée, mais elle ne put s'empêcher de faire du pied à son petit ami. Elle se fichait des regards posés sur eux mais elle ne pouvait jamais s'empêcher d'être tactile avec Connor, de lui montrer son désir. Après tout, c''était de sa faute s'il était aussi séduisant quand il se montrait compréhensif et attentionné. Elle but une longue gorgée de sa bière en observant quelques clients danser au rythme d'une chanson des Rolling Stones.

- Sérieusement, tu imagines mes parents dans notre appartement? Ma mère ferait une crise cardiaque, puis rappelle-toi de leur dernière visite, on avait inauguré notre nouveau canapé à notre façon... , déclara Evelyn en affichant un large sourire à ce souvenir. Elle se souvenait encore du petit cri de sa mère qui avait lâché son sac à main avec effroi alors que son père s'était contenté de les regarder, les bras croisés, pendant qu'elle avait presque crié "bonjour papa et maman !" avec un grand sourire narquois. Toutes les occasions étaient bonnes pour les embarrasser. Puis c'est vrai que des vacances nous feraient le plus grand bien... on pourrait toujours passer quelques temps au Merryfield puis voir ce qu'on fera ensuite. Je me fiche de ce que diront mes parents, je veux juste passer du temps avec toi. Puis ils t'ont vu nu, ils doivent penser depuis le temps que j'ai au moins un bon goût pour les hommes physiquement.

Evelyn tourna lentement sa tête vers une mamie qui s'était un peu penchée vers leur table pour mieux écouter leur conversation, depuis que la jeune femme avait évoqué la nudité de son petit ami. Elle décida de jouer le jeu puis adressa un sourire malicieux à la vieille dame.

- Vous voulez le voir nu? J'ai des photos sur mon portable si vous voulez, même des vidéos. Vous savez tout ce qu'on peut faire avec la technologie de nos jours, c'est incroyable !

La mamie parut offusquée et partit en serrant contre elle son petit sac à main. Evelyn passa sa main dans ses cheveux d'un air innocent puis se remit à manger comme si de rien n'était. Un vendredi soir parfaitement normal, pour elle.

Connor se souvenait très bien du jour où ses beaux parents les avaient surpris en plein ébat. Le jeune homme avait été littéralement terrorisé, alors que Evelyn prenait l'incident si facilement, sans être trop gênée. Mais c'est ce que Connor aimait en elle. Il aimait la voir si rebelle, c'est ce qui le faisait craquer. En revanche, il était persuadé que ses beaux parents allaient encore les surprendre, d'une façon ou d'une autre, dans n'importe quelle situation, comme si le destin bourgeois les envoyaient sauver leur fille. Connor avait tenté d'embrasser Evelyn une fois alors que son père avait fait irruption. Connor ne le paraissait pas, mais il était très gêné dans ce type de situation, surtout à l'époque où il tentait tant bien que mal de séduire ses beaux parents. Par le passé, plaire à sa belle famille avait été une des priorités. Mais aujourd'hui, il savait que c'était peine perdue et s'amusait parfois à jouer au rebelle lui aussi. « J'ai encore l'image de ton père avec ses bras croisés et son air furieux. J'en avais fait des cauchemars pendant une semaine ! ». Connor se mit à rire puis but une gorgée de sa bière. Il avait déjà engloutit tout son repas et n'avait rien laissé dans l'assiette.

Les vacances s'annonçaient bientôt et Connor voulait en profiter. Il s'était donc lancé, proposant à Evelyn de partir n'importe où pour se détendre. L'idée de Connor n'était pas d'aller dans le Merryfield, mais si Evelyn le désirait, il la suivrait. « Nous ne sommes pas obligés d'aller au Merryfield tu sais, n'importe quelle destination me convient... mais si tu veux, on peut faire un effort. Puis je suis toujours aussi bien conservé. Mais je doute que tes parents m'apprécient, même si je peux passer pour sexy à tes yeux. ». Connor embrassa la main de Evelyn sans avoir remarqué la présence de la vieille dame qui les espionnait. Il fut donc surpris d'entendre Evelyn s'adresser à cette personne et eut du mal à s'empêcher de rire. La vieille dame, offensée, se leva puis partit à toute vitesse. Connor ne retînt plus son rire sonore et il dut boire pour se calmer un peu. « J'y crois pas... on aura tout vu ici. » Reposant son verre vide, Connor plongea son regard dans celui d'Evelyn en lui tenant la main. Il pensait encore aux paroles d'Evelyn au sujet de leur avenir parental. « Tu veux rentrer ? On peut prendre un dessert à l'appart... non ? »

Evelyn sourit rêveusement en songeant aux vacances. Elle avait toujours de très bons souvenirs en compagnie de Connor lorsqu'il s'agissait des vacances : une escapade en moto dans les plus beaux paysages de l'Australie, un week-end passé à la plage en amoureux, ils avaient même pu se rendre en Nouvelle-Zélande durant un été. Chaque période de vacances était incroyable aux yeux d'Evelyn et elle ne voulait pas que cette année soit une exception. Tant pis pour ses parents, elle allait se contenter d'un coup de fil et de les éviter, pour passer du bon temps avec son petit ami et profiter pleinement de leurs vacances. Elle posa ses couverts une fois son assiette vide puis déposa un baiser sur la main de Connor en jouant doucement avec ses doigts.

- Tu sais, si on tient à avoir des vacances romantiques, autant se rendre à Disneyland, plaisanta Evelyn en éclatant de rire. Enfin, elle ne dirait pas non pour Disneyland, ayant toujours une grande âme d'enfant. Mais elle s'imaginait déjà faire le tour du monde avec Connor, voir des paysages incroyablement merveilleux, et se blottir dans ses bras à chaque coucher de soleil qu'ils auraient la chance de voir. Sérieusement, je ne tiens pas à me rendre au Merryfield. Je sais que ça serait sûrement une bonne chose de renouer avec mes parents mais honnêtement, je n'y tiens pas. Je ne suis pas comme eux, et... je refuse de leur parler tant qu'ils ne te font pas des excuses pour leur comportement déplorable il y a des années. Tu n'es pas un étranger, tu es mon petit ami et je tiens à ce qu'ils le reconnaissent. Tu es leur beau-fils, tu fais partie de la famille. Et même si tu ne te sens pas accueilli dans ma famille, je me sens incroyablement bien accueillie dans la tienne. Ta mère est si merveilleuse... tu es chanceux. Et je suis chanceuse aussi, on partage la vie d'un homme irrésistible et adorable.

Après avoir entendu la proposition de Connor pour un dessert chez eux, la jeune femme se leva et déposa un pourboire sur la table avant d'enfiler sa veste. Elle releva un peu ses cheveux pour bien les rejeter derrière son épaule et arrangea le collier qu'elle portait à longueur de journée. Il s'agissait du premier cadeau que son petit ami lui avait fait et elle ne le retirait jamais, c'est l'un de ses objets les plus précieux. Elle le toucha d'ailleurs du bout des doigts en se tournant vers Connor.

- Rentrons dans ce cas. Je peux te préparer quelques cookies à la noisette, ça sera quand même un dessert, non?, demanda-t-elle avec un sourire en lui tendant la main, prête à rentrer chez eux pour discuter et savourer un dessert à leur façon.