Evelyn Keating

"Non, tu ne peux pas faire ça ! Mais tu devrais faire ça... tu dois faire ça... et ça... puis ça aussi..."

Pouvoir et devoir. Deux mots qui avaient bercé son enfance puis guidé son adolescence avant de la mener vers la liberté à l'âge adulte. Pour sa famille, riche jusqu'au cou au point de pouvoir se baigner dans une piscine remplie d'argent et se rouler dessus sur un lit tels deux personnages de la série Happy Endings, l'argent était un pouvoir, et être riche était un devoir depuis toujours, par conséquent. La philosophie des Keating l'écoeurait. Oh bien sûr, cet argent avait financé ses cours de danse, le moindre souhait qu'elle avait. Mais elle n'aimait pas rendre des comptes aux personnes, elle préférait être maître de sa destinée et de ses actes. C'était sûrement pour cette raison qu'elle avait été plus que fière de pouvoir se payer sa première voiture (d'occasion bien évidemment, histoire de faire rager papa et maman), et de financer ses études à l'université. A présent, elle se sentait apaisée, elle était également très fière de dire que son métier d'institutrice la comblait au plus haut point. Son salaire n'était pas non plus astronomique mais il lui suffisait. Elle vivait dans un appartement avec son petit ami, qu'elle avait rencontré à l'université, et cette vie modeste lui convenait parfaitement.

Ah oui, son petit ami. L'homme de sa vie, celui qui la comprenait mieux que personne... avec son chat, bien entendu. Ils s'étaient rencontrés à l'université, vous savez, le genre de regard que vous croisez dans un couloir et que vous ne parvenez pas à oublier jusqu'à ce que le hasard vous mène à bousculer cette personne dans un détour et à ne plus vous en séparer. Après un an de relation, elle avait décide de le présenter à sa famille. Oui, ils étaient des Keating mais ils restaient ses proches et elle tenait à introduire son petit ami à sa famille. Cependant, durant le repas, les remarques s'étaient enchaînées les unes après les autres, même les plus subtiles, les Keating devant sûrement penser que le compagnon d'Evelyn était abruti, car il n'avait jamais été riche. Au bout de deux heures, elle avait quitté la maison familiale avec son homme et ils avaient passé la nuit la plus passionnée de leur relation avant d'avoir un fou rire et de repenser au repas, en se disant que la famille ne déciderait pas de leur bonheur et que rien ne changerait leur relation.

Après quelques pensées sur la famille, l'argent et le bonheur, la voici en route pour l'école. Elle n'était pas très douée avec les êtres humains en général mais elle gérait bien sa classe, et les enfants l'adoraient. Super Evie, comme certains l'appelaient, monta dans sa voiture et mit un peu de musique avant de bouger les épaules au rythme du son et de commencer à rouler. Et voilà une nouvelle journée qui s'annonce !